mardi 22 février 2011

This is England : Bristol (1)

Bristol fut longtemps un des principaux ports d'Angleterre à destination de l'Irlande avant que Liverpool ne la dépasse au cours du XVIIIème siècle.



Nous sommes donc dans une ville portuaire du Sud-Ouest. Pas étonnant que Bristol soit jumelée avec Bordeaux.

C'est la ville de naissance de Cary GRANT et de Robert WYATT, même si ce dernier est plus connu pour avoir fait parti de la scène de Canterbury (Sud-Est de l'Angleterre) avec son premier groupe SOFT MACHINE.




Il est alors à la fin des années 60, le batteur du groupe de free-rock (ou psychédélique folk ou jazz fusion ou n'importe quoi d'autre) mais également un des chanteurs avec une voix douce et haut perché assez caratéristique. Après quatre albums, il quitte le groupe et commence une carrière solo après l'interlude MATCHING MOLE en 1972.

Entre temps, il connait un accident qui va modifier complètement sa carrière puisqu'à la suite d'une chute de quatre étages (mystère quant à la raison de sa chute), il devient paraplégique.

En 1974, il sort un véritable chef d'oeuvre : "Rock Bottom". Musique en apesanteur tout au long de l'album parfaitement illustrée par la chanson "Sea song" :

Ses compositions assez originales se rapprochent souvent du jazz qu'il adore ou même de musiques contemporaines. Paradoxalement, il connait un vrai succès la même année avec la reprise des MONKEES "I'm a believer".
Il sort un deuxième album plus jazz en 1975 et va continuer régulièrement à enregistrer des oeuvres souvent exigeantes lui réclamant plusieurs années de préparation (en moyenne, six ans entre chaque) et parce qu'il alterne également des périodes de dépression.

En 1983, il enregistre une reprise d'une chanson d'Elvis COSTELLO pour protester contre la guerre des Malouines que provoque le gouvernement de Margaret THATCHER. Il est alors le porte-parole du parti communiste britannique. "Shipbuilding" :

Durant les années 90, il va même connaitre une renaissance artistique qu'il avait un peu perdu dans la décennie précédente grâce aux albums "Dondestan" (1991) et "Shleep" (1997).
En extrait Heaps of sheeps" :

En 2008, Bertrand BURGALAT recrute Robert WYATT pour le poppy "Summer night".

mercredi 16 février 2011

This is England : Oxford (3)

La musique assez exigeante développée par RADIOHEAD, au cours des années 2000, aura influencé plusieurs groupes britanniques. Ainsi, même si on ne pense pas à eux quand on écoute les morceaux de FOALS, on retrouve cet esprit de recherche propre à la bande à Thom YORKE.



Évidemment, on citera d'abord GANG OF FOUR ou les américains de TALKING HEADS influences revendiquées par le chanteur et guitariste du groupe, Yannis PHILIPPAKIS.

Le groupe se forme en 2005 sur des bases de rock jouer de façon quasi expérimentale que les anglais appellent le "math rock".
Le premier single du groupe sort début 2006 et s'appelle "Try This On Your Piano" :


Des critiques vont même jusqu'à citer Steve REICH (faut quand même pas déconner, lui c'est un vrai génie de la musique du XXème siècle).
Ils sortent deux singles en 2007 et vont structurer leurs compositions. Ils sont chaleureusement accueillis par la presse et le public, notamment grâce à la chanson "Hummer" :

Grand espoir attendu pour 2008, le groupe devient quintet et leur manager arrive à contacter David SITEK, l'influent producteur et musicien en vogue avec TV ON THE RADIO, afin qu'il produise leur premier album. 
Cependant, les morveux anglais savent déjà ce qu'ils veulent et décident de tout jeter à la poubelle.
Ils reprennent le mixage et l'album "Antidote" sort en 2008. C'est un succès malgré une formule plutôt complexe.
Véritable tête à claque (faut lire ses interviews), PHILIPPAKIS n'a pas son pareil pour écrire malgré tout des chansons entêtantes comme ce "Cassius" :

A l'été 2009, le groupe retourne en studio pour enregistrer leur deuxième album qu'ils disent plus funk, ce qui dans les faits ne sera absolument pas le cas, même si FOALS va calmer son jeu et ses simplifier leurs compositions. "Total Life Forever" sort en 2010.
En extrait, le vaporeux "Spanish Sahara" :



L'avenir nous dira si FOALS sera le groupe aventureux digne descendant de RADIOHEAD.


Prochaine étape : Bristol.

vendredi 11 février 2011

This is England : Oxford (2)

Le groupe le plus important originaire d'Oxford est RADIOHEAD. Pourtant à la même époque, et en pleine vague britpop, un autre groupe a eu un important succès.


C'est au début des années 1990 que se forme le trio SUPERGRASS, formé par Gaz COOMBES (chant, guitare), Mick QUINN (basse) et Danny GOFFEY (batterie).
Rapidement, ils signent chez Parlophone, également label de RADIOHEAD, et sortent début 1995, leur fulgurant single "Caught by the fuzz" :

En mai de la même année, leur premier album "I should coco" sort. Ils jouent une pop-rock influencée par les BUZZCOCKS ou les KINKS. Le groupe se distingue par une énergie sur scène incroyable (pour les avoir vu à cette époque). L'album est un concentré de classique, il n'y a pratiquement rien à jeter, comme le très bon "Alright" :

Ils enchainent les tournées et les succès qui ne se dément pas avec la sortie de leur deuxième album "In it for the money" (1997).
En extrait, "Richard III" :

Avec une régularité de métronome, ils sortent leur troisième album (éponyme comme on dit) en 1999. Ils apportent quelques nuances à leur style. Moins pressés, ils réussissent un peu à se poser, comme le montre la chanson qui ouvre l'album "Moving" qui rappelle un peu l'autre groupe d'Oxford et signé sur le même label :


Le groupe fait une pause et profite pour engager définitivement Rob COOMBES, frère de Gaz et pianiste qui accompagnait le groupe sur scène depuis les débuts. Leur quatrième album "Life on other planet" sort en 2002. Il paraît que le groupe s'est inspiré de la radio Nostalgie pour écrire l'album lorqu'ils étaient en vacances dans le sud de la France.
Trois ans plus tard, alors que le groupe se cherche, après la mauvaise réception du précédent album, ils sortent "Road to rouen", hommage au "Road to ruin" des Ramones et à la ville où ils enregistrent leur cinquième album. Les morceaux sont plus longs, plus complexes, le groupe lorgnant de plus en plus vers les Etats-Unis. L'album débute par l'épique "Tales Of Endurance (Parts 4, 5 & 6)"


Le groupe sort encore un album en 2008 avant de se séparer en 2010.

mardi 8 février 2011

This is England : Oxford (1)


A un peu plus de 100 kilomètres de Birmingham par le sud, on trouve la célèbre ville d'Oxford. Et quand on parle d'Oxford, on pense d'abord à la célèbre université britannique fondée au XIIème siècle.


Il est vrai que la ville compte pratiquement 20 % d'étudiants. Du coup, elle a accueilli plusieurs personnalités célèbres en tant qu'élève ou professeur (et notamment Lewis Carroll comme professeur de mathématiques).

C'est vers la fin des années 1980 qu'Andy BELL et Mark GARDENER fondent le groupe RIDE. Le groupe est complété par le bassiste Steve QUERALT et le batteur Laurence COLBERT. Les 4 adolescents sont étudiants et ont pour passion commune le groupe de Manchester THE SMITHS, mais également, le groupe écossais THE JESUS AND MARY CHAIN.

Des premiers, ils retiennent surtout les mélodies et le son byrdsien de la guitare de Johnny MARR. Des seconds, c'est le bruit des guitares saturées qu'ils utiliseront allègrement, surtout pour les premiers maxis.
En effet, le groupe va être un des initiateurs du mouvement shoegaze au cours de cette période 1989-1992.

En 1990 sort le premier maxi du groupe avec notamment la chanson "Drive blind" :

Des guitares bruyantes, un chant le plus blanc possible, assez proche finalement du CURE de "Faith", ce sera leur marque de fabrique.
En octobre 1990, RIDE sort son premier album, le fantastique "Nowhere". La pochette, le titre, tout est fait pour montrer le malaise adolescent, et cette formule fonctionne bien. Le groupe n'oublie pas d'enregistrer des chansons un peu plus légères en variant les orchestrations, comme l'atteste la guillerette "Vapour trail" :


Le groupe connait un énorme succès au Royaume-Uni, et dans les référendums de fin d'année. Ils tournent sans arrêt. En extrait, "Dreams burn down" :

Le groupe arrive malgré tout à enregistrer un deuxième album, assez bon pour le coup, qui sort en 1992 précédé par un single de plus de 8 minutes, "Leave them all behind" (ici en version MTV, c'est à dire réduit de moitié)  :

Les tensions entre les deux leaders, BELL et GARDENER, commencent à se faire sentir, et une pause est décidée au cours de l'année 1993. Cependant, elle se révèlera fatale puisque le groupe sera dépassé par la vague brit-pop (OASIS, BLUR...) qui sonnent l'abandon des guitares saturées et des mélodies introspectives.
RIDE sort encore deux albums assez indigestes en 1994 et 1996 où les égos l'emportent sur la cohésion du groupe qui se sépare dans la foulée en 1997 dans l'indifférence générale.

vendredi 4 février 2011

This is England : Birmingham (4)


Comme je l'avais annoncé, il y a quelques jours à l'annonce de la disparition de leur chanteuse, il était prévu, lors de l'étape birminghamoise, de parler de BROADCAST.

Si le groupe a eu des formations à géométries variables, le noyau central du groupe est (était) composé de Trish Keenan et de James Cargill. Ils commencent à jouer au milieu des années 1990 s'inspirant de THE UNITED STATES OF AMERICA, groupe psyché-pop américain de la fin des années 60, et de STEREOLAB.
C'est d'ailleurs sur le label de ces derniers qu'ils sortiront un de leurs premiers singles "The book lovers" (1996) :

Après plusieurs maxis, ils signent chez le label hyper hype de l'époque Warp. Si ce dernier est plus connu pour des musiques électroniques ambients, la pop légèrement matinée d'électro se marie finalement bien avec la philosophie du label découvreur et novateur.
Ces maxis seront regroupés dans la compilation hautement recommandable "Work And Non Work"  (1997).

Il faudra attendre trois ans pour voir le groupe sortir son premier véritable album "The Noise Made By People" (2000). Véritable merveille pop, la voix mélancolique et douce de la chanteuse se pose gracieusement sur les musiques rétros du groupe. En extrait, "Come on lets go" :

En 2003, le groupe sort son second album, "Haha Sound". L'accueil des critiques est très bon, même si les ventes ne suivent pas. Il est vrai que la formule du groupe peut paraître incongrue. Ils composent des chansons toujours aussi merveilleuses, comme avec ce "Winter now" :

Le troisième album "Tender Buttons" ne sort que deux ans plus tard. Le groupe abandonne le son des années psyché pour s'inspirer plutôt de celui des YOUNG MARBLE GIANTS. Cela déconcertera les premiers fans mais ne leur fera pas gagner des nouveaux. Le groupe perd alors plusieurs membres. Ce sera le dernier véritable album du groupe jusqu'à la disparition de la chanteuse, emportée par une pneumonie à l'âge de 42 ans.
En extrait, "Black cat" :

Ainsi se termine le parcours musical de la seconde ville anglaise. Prochaine étape : Ox4.

mardi 1 février 2011

This is England : Birmingham (3)

 
C'est à la fin des années 60, à Birmingham, que le guitariste Tony IOMMI et le batteur Bill WARD ont eu l'idée de créer un groupe de blues à ambiance lourde. On ne parle pas encore à l'époque de Heavy Metal.
C'est avec le recrutement du bassiste Geezer BITLER et du chanteur Ozzy OSBOURNE que se parachève les premiers pas de BLACK SABBATH.

Le nom du groupe s'inspire du titre anglais du film de Mario BAVA "I tre volti della paura" (1963). Les lectures de BUTLER sur la magie noire vont inspirer le groupe pour créer une ambiance lourde et pesante, ralentissant même le rythme, alors que beaucoup de groupes accéléraient.

Le premier album du groupe (éponyme comme on dit) sort en 1970 et devient disque d'or aux Etats-Unis dès l'année suivante. L'album de BLACK SABBATH, "Black Sabbath" commence naturellement par "Black sabbath" :

Le groupe conforte sa popularité avec l'album qui sort en fin d'année 1970, "Paranoid". Véritable classique du rock, il contient outre la chanson qui donne le titre à l'album et qui reste un morceau écrit pour combler l'album, mais également, "Iron man" et surtout le génial "War pigs", véritable hymne contre la guerre du Vietnam :

Ils enchainent plusieurs albums "Master Of Reality" (1971), avec le riff de la mort d'"Into the void", ou "Children of the grave" :

"Vol. 4" (1972), avec son ode à la cocaïne "Snowblind" ou encore "Sabbath Bloody Sabbath" (1973), avec la chanson titre en extrait :

"Sabotage" en 1975 et "Technical Ecstasy" (1976). Mais le groupe empétré dans de gros problèmes de drogues commence à tourner en rond et à perdre son originalité surtout lorsque la vague punk vient les balayer. La mode n'étant plus aux longues compositions et aux quinze milles changements d'accords.
Après la sortie de l'album "Never Say Die!", Ozzy OSBOURNE quitte le groupe (ou se fait virer, c'est selon). BLACK SABBATH recrute alors l'ancien chanteur de RAINOW, Ronnie James DIO, enregistre "Heaven And Hell" et renoue enfin avec le succès qui l'avait quitté depuis cinq ans. Extrait de l'album "Neon knights" :

Après l'album "Mob rules" (1981), DIO quitte le groupe et est remplacé par l'ancien chanteur de DEEP PURPLE, Ian GILLAN. Le groupe connait par la suite une instabilité et ne sort plus de disques importants durant les années 80 et les décennies suivantes. Après Ozzy OSBOURNE fit de la télé... C'est dur de vieillir dans le Heavy Metal !